mardi 28 mars 2017

Comment l'Amérique Latine voit-elle la paix en Colombie ?


Compte-Rendu par Cayo Hueso

A l'appel du Collectif Couleur Paix, en partenariat avec le Collectif ALBA-France et la Coordination Franco-Latinoaméricaine à Paris, a eu lieu au CICP (Centre International de Culture Populaire, 21ter Rue Voltaire, Paris) une rencontre où des latino-américains et des français membres de différentes associations et collectifs ont débattu sur les Accords de Paix en Colombie et la réalité actuelle de Notre Amérique. De Colombie, du Vénézuela, de l'Equateur, du Paraguay, du Honduras, du Perou et de Cuba, ils ont exprimé leurs points de vue sur le conflit en Colombie et ses conséquences sur leurs nations, ainsi que sur la similitude entre ce qui se passe chez eux et le vécu du peuple colombien.

Au nom de Couleur Paix, Maria Baresch a expliqué l'objectif de ce type de rencontre : faire connaitre à la société française ce qui se passe dans nos pays, les similitudes et les effets de la guerre ainsi que le rôle joué par les autres pays pour atteindre la Paix en Colombie.

Pour le Collectif Paraguay, Ana a parlé de la situation actuelle de son pays qui, par les inégalités sociales nées de la spoliation des richesses nationales et de l'exploitation inhumaine développée par les oligarchies nationales, ressemble au conflit colombien jusqu'à donner lieu à l'apparition de l'Armée du Peuple Paraguayen, en réponse aux injustices vécues.

Pablo Cardoso, de l'Equateur, a expliqué comment la lutte entre la guérilla et l'armée colombienne avait engendré un immense flux migratoire vers son pays qui partage une grande zone frontalière commune avec la Colombie. Pendant la période de 1989 à 2016, sont arrivées en Equateur 233.000 personnes victimes du conflit, avec de graves séquelles psychologiques dûes aux violences. Pablo s'est également référé à la crise diplomatique entre l'Equateur et la Colombie, produite par l'agression dans la zone frontalière entre les deux pays de l'armée colombienne qui a réalisé un bombardement causant la mort de Raúl Reyes et de 17 autres guérilléros membres des FARC. Malgré ce qui s'est passé, l'Equateur joue un rôle important pour la Paix en Colombie puisqu'il accueille le siège des négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla de l'ELN (Armée de Libération Nationale), accompagné par le Chili, le Brésil, la Norvège, le Vénézuéla et Cuba, comme garants de ces conversations.

Ariel Torres du Collectif Alerte Honduras a réfléchi sur les similitudes et les différences entre les conflits en Amérique Centrale et le conflit colombien à partir des informations recueillies dans les médias centro-américains. Il a évoqué les luttes armées au Guatemala, au Nicaragua et au Salvador, en soulignant la problématique des accords de paix signés au Salvador et l'inclusion des guérillas en tant que partis politiques dans ces pays.

Marcos Rodríguez, représentant le Collectif des Péruviens en France, a traité le thème des Traités de Libre Commerce, leurs conséquences néfastes pour l'économie de nos pays et les raisons pour lesquelles nos gouvernements devraient s'opposer à la signature de ces horribles créations du néo-libéralisme. Il a dénoncé leurs conséquences sur l'environnement dans les différentes régions où sont implantées les grandes multinationales, les privatisations des services publics au Pérou, notamment les secteurs de l'Education et de la Santé.

Juan Borregales, du Vénézuéla, a parlé des différentes étapes dans les relations entre les deux pays qui ont une grande frontière en commun. Selon lui, les relations diplomatiques entre la Colombie et le Vénézuela ont traversé des moments très tendus ces dernières années. Les incidents les plus graves ont eu lieu pendant les deux mandats de Alvaro Uribe Vélez (2002-2010), alors que depuis que Juan Manuel Santos est arrivé à la présidence, les relations détériorées avec Hugo Chávez ont été rétablies. Parmi les différends, il y a eu notamment la capture, dans une finca près de Caracas, de paramilitaires colombiens qui avaient l'intention de commettre des actes de sabotage et un magnicide. Les problèmes à la frontière commune ont été abordés, de même que l'arrivée des migrants colombiens qui ont reçu une attention humanitaire au Vénézuela. Malgré les difficultés, le Vénézuéla a toujours été invité à participer comme garant aux processus des Accords de Paix célébrés à La Havane et en Equateur.

Membre du "Collectif entre Amigos", Cristóbal Danilo Campos Aveillé, cubain résident en France, a abordé le thème du rôle joué par Cuba dans la signature des accords de Paix en Colombie. Il souligne que c'est depuis 2012 que les premiers contacts ont eu lieu à La Havane entre les FARC et le gouvernement de Juan Manuel Santos. Ces conversations ont eu lieu à Cuba en raison du prestige que s'est gagné la diplomatie cubaine et le gouvernement de Cuba dans les différentes institutions internationales, de la solidarité développée par le gouvernement cubain avec les pays du tiers-monde, et du rôle joué par Fidel Castro, avec Hugo Chávez et Néstor Kirchner dans la création de la Communauté des Etats LatinoAméricains et Caraïbes (CELAC).

Cuba a joué son rôle de garant pendant les conversations et les signatures des accords, en compagnie du Chili, de la Norvège et du Vénézuéla, et en offrant son territoire et son soutien logistique pour que les conversations puissent avoir lieu. Bien que les accords soient déjà signés, le gouvernement cubain continue à contribuer par des actions concrètes au processus de paix : conscient que la paix viendra à mesure que seront éliminés les inégalités, la pauvreté, l'analphabétisme, l'inculture et le manque d'assistance sanitaire, il a accordé mille bourses pour que des membres des FARC et des victimes du conflit puissent réaliser des études de médecine

Au cours du débat avec le public, a été évoquée l'existence de l'ALBA-TCP "Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique - Traité de Commerce des Peuples", plateforme d'intégration des pays d'Amérique Latine et des Caraïbes qui met l'accent sur la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale sur la base de doctrines de gauche. Il s'agit d'un projet de collaboration et de complémentarité politique, sociale et économique entre les pays d'Amérique Latine et des Caraïbes, promu dans un premier temps par Cuba et le Vénézuéla, et conçu en contrepartie de l'Aire de Libre Commerce des Amériques (ALCA), impulsée par les Etats-Unis. Les menaces d'agression contre la Révolution Bolivarienne ont été dénoncées, notamment en expliquant le rôle néfaste de Luis Almagro à la tête de l'OEA (Organisation des Etats Américains), vassal des intérêts du gouvernement des Etats-Unis.

Pour terminer, on a souligné que l'objectif fondamental de ce type de rencontres est d'aborder ce qui se passe au jour le jour dans cette Amérique qui va "du Rio Bravo à la Patagonie", afin de le présenter à l'opinion publique française, victime du manque d'information et des tergiversations des médias au service du capital.

Finalement, tous les présents ont été appelés à participer collectivement à la prochaine manifestation internationaliste du premier mai, qui sera dédiée cette année à la Paix en Colombie.

Source : Cayo Hueso



#RespecterCajamarca #CajamarcaSeRespeta


Ce dimanche 26 mars, la population de la ville de Cajamarca (en Colombie) a été consultée pour savoir si elle approuvait ou pas l'exploitation de la mine d'or de la Coloza. Faisant usage des droits constitutionnels, le NON à l'exploitation a gagné avec plus de 97%.

Hier lundi 27 mars, le Ministre des Mines et de l'Energie a annoncé publiquement que le Gouvernement National ne tiendra pas compte du résultat de la consultation et donnera à la compagnie Anglo Gold Ashanti des permis pour l'exploitation minière. Il méconnait ainsi les mécanismes de participation populaire de la Constitution et la souveraineté des peuples sur leurs territoires, de même qu'il met en danger les communautés, la nature, l'eau et la biodiversité de la région.

El pasado domingo 26 de marzo la comunidad de la ciudad de Cajamarca, Colombia fue consultada sobre su aprobación o no de la explotación de la mina de oro de la Coloza. En uso de sus derechos constitucionales el NO a la explotación ganó con más de un 97%.

Hoy el Ministro de Minas y Energía ha anunciado públicamente que el Gobierno Nacional desconocerá el resultado de la consulta y otrogará permisos a la Anglo Gold Ashanti para la explotación minera buscando así desconocer los mecanismos de participación popular de la Constitución, la soberanía de los pueblos en sus territorios y poniendo en riesgo comunidades, naturaleza, agua y biodiversidad de la región.
(M.A)